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Détails sur le produit
Broché: 272 pages
Editeur : Grasset (3 octobre 2018)
Collection : essai français
Langue : Français
ISBN-10: 2246815584
ISBN-13: 978-2246815587
Dimensions du produit:
14 x 1,8 x 20,4 cm
Moyenne des commentaires client :
4.4 étoiles sur 5
33 commentaires client
Classement des meilleures ventes d'Amazon:
9.540 en Livres (Voir les 100 premiers en Livres)
Le livre politique de l'année, et sans doute beaucoup plus tant la vision qui y est brillamment exposée (avec une pédagogie fort appréciable) est inattendue. Un essai rafraîchissant qui se place bien au-delà des clivages, qu'ils soient éculés (droite / gauche) ou bricolés (progressistes / conservateurs) à des fins électoralistes. Une exigeante, mais néanmoins accessible, démonstration, qui redonne à l'action politique un ancrage dans son époque et les défis qui la traversent, nous enjoignant à cesser de subir le temps, le flux, le mouvement pour nous intéresser aussi à ce qui "demeure" et mérite d'être chéri. Peu d'acteurs du débat public sont capables de proposer une telle vision à la frontière entre la philosophie et la politique. Espérons que l'auteur transformera l'essai en engagement réellement politique, plutôt que de rester simple observateur. A suivre de près.
Dans son précédent essai, François-Xavier Bellamy nous avait alertés sur l’urgence de retrouver l’importance de la transmission, tant décriée - entre autres- par Descartes, Rousseau, et Bourdieu. « Demeure » nous alerte sur l’urgence de restaurer l’action politique dans sa raison d’être: non pas céder aveuglément aux changements dictés par les évolutions techniques au profit du marché, mais déceler, avec une vision de long terme, quels changements seront utiles au bien et au juste. Face à l’absurdité d’un progressisme béat et mercantile, il appelle à la nécessaire sagesse d’un discernement. Pour paraphraser Disraëli : conserver ce qui vaut, ne changer que ce qu’il faut. Et pour conserver ce qui vaut, il faut commencer par dénoncer l’erreur du dogme progressiste selon lequel « tout doit être changé, car ce qui adviendra sera nécessairement meilleur que ce qui est ». Les antidotes au sophisme progressiste ont pour noms: demeure, racines, fidélité, stabilité, contemplation, littérature, poésie. Quel dommage que François-Xavier Bellamy n’ait pu rentrer au parlement en 2017... Il aurait sans nul doute contribué à en relever le niveau des débats, en interpellant l’assemblée par l’injonction faite au Roi Gilgamesh de Mésopotamie, dans son épopée écrite au XVIIIème siècle avant notre ère : « où vas-tu, Gilgamesh ? »... ou en lui contant le retour d’Ulysse à Ithaque : « bonheur! Ils prennent pied! Ils ont fui le désastre. »
Super livre, et ce type est génial. On sent qu'il est humain, intelligent et honnête. Du coup, je vais voter pour lui aux élections Européennes. Je comprends pas tous ces excités haineux qui déforment ses propos pour l'abattre.
L'auteur critique la volonté de changer pour changer. Il critique le progrès et le modernisme en tant qu'ils ne permettent pas de réfléchir sur les finalités et de se donner un point d'arrivée. C'est le sens de l'action qu'il convient d'interroger et non pas de changer pour changer. Une exploration méthodologique menée à l'appui de la réflexion de plusieurs philosophes. D'une lecture facile et agréable. On en ressort heureux !
Aristote disait que l'on ne peut bien philosopher avant l'âge de 45 ans pour nous laisser le temps d'apprendre. Bellamy démontre que le vieux sage n'avait pas tout prévu tant son livre nous apporte une pensée utile, documentée et précise. La mode du jeunisme et du mouvement permanent que nous traversons nous laisse souvent dans le doute telle la célèbre truie de Claude Duneton. Avec François-Xavier Bellamy, ce travers de notre époque en prend pour son grade et son rappel de l'importance de l'héritage et de la transmission nous fait du bien. Il met des mots sur ce que nous ressentons parfois sans pouvoir l'exprimer avec clarté et précision comme ce jeune auteur parvient à le faire.
L'auteur retrace clairement les origines philosophique de la valorisation systématique aujourd'hui du "changement pour le changement". Il pense que la définition d'un but désirable pour la communauté doit précéder le mouvement, lequel n'est pas un bien en soi.
Ce livre est écrit contre le progressisme, à savoir la foi naïve dans le progrès.Depuis Giordano Bruno (qui marque pour l’auteur le début de la modernité) « il n’y a plus devant nous que l’infinité d’un vide infini » (56). Depuis cette époque, le monde passe pour être définitivement marqué par le changement, la concurrence, la course, la surenchère, le commandement du nouveau, la mode et le progressisme (= certitude que l’histoire est par définition l’occasion d’un progrès, qui s’accomplira nécessairement à condition qu’on veuille bien laisser s’accomplir les transformations qui se présentent à nous, 91). Or, d’après l’auteur, « rien n’est en soi un progrès » (96), « le progrès technique n’existe pas » (99). Il regrette par conséquent qu’« il n’y a[it] pas aujourd’hui [sur le plan de la philosophie politique] de perspective alternative au progressisme » (101).Pour l’auteur, le faux optimisme qu’est le progressisme est un nihilisme : « il décrète que ce monde ne vaut rien, puisque tout autre monde sera meilleur » (104). Le progressisme est donc un mépris du réel actuel (105). Avec Nietzsche, l’auteur l’interprète comme un ressentiment, la haine du réel, la tentative de « déserter le réel ». Il fustige dans un même souffle, avec Nietzsche, l’idéalisme platonicien et la religion chrétienne, tout comme le principe espérance d’Ernst Bloch qui ne serait qu’un messianisme athée. L’utopie nous dit-il, est une révolte contre l’être. C’est comme cela que le transhumanisme produit l’autodestruction de l’homme.Conclusion : L’avenir n’existe pas. Le temps vu comme une flèche est un piège intellectuel (118). Le progrès peut aboutir à une catastrophe (120). La promesse du paradis sur terre est devenue notre chemin le plus sûr vers l’enfer (128). La politique n’a pas en premier lieu à transformer mais à transmettre (133).L’auteur en vient à l’impératif catégorique formulé par Hans Jonas : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » (138). (C’est visiblement cet impératif qui a poussé la chancelière Merkel à sortir brutalement en mars 2011 du nucléaire. Note de Franz Hausmann) Il faut, par conséquent, « divorcer avec l’avenir » (Sloterdijk). Et surtout avec le stupide désir de vouloir vaincre la mort (146) en vivant éternellement, désir déjà discuté et repoussé dans le Gilgamesh (18e siècle avant J.Ch.). Il faut consentir à la mort, car « il faut accepter le destin des hommes, et en aimer les joies singulières, sous peine de tout perdre pour avoir voulu tout gagner » (149, cf. le mythe d’Icare).Pour l’auteur, conservatisme ne veut pas dire immobilisme. « Nous pouvons désirer un changement qui orienterait notre société vers plus de justice, et appeler progrès le mouvement collectif qui nous rapprocherait d’elle » (161). L’auteur préconise la « sagesse d’un discernement » (164). Son pessimisme de méthode préfère poser les bonnes questions : « Où allons-nous en suivant cette voie ? Quel bien, dans l’absolu avons-nous à en retirer ? » (165).L’auteur qui connaît ses classiques joue Baudelaire (Le Voyage : « Si tu peux rester, reste ») contre Gide (Nourritures terrestres : « ne demeure jamais »). La technique moderne avec son principe de l’immédiateté (Tout tout de suite !) déréalise le monde. Autre fléau: la marchandisation de tout. La Poste se fait payer 19 Euros 90 cinq minutes de conversation avec le facteur. L’obsolescence des appareils ménagers est programmée.L’auteur avait commencé son livre avec Saint-Exupéry qui prônait la décélération à la fin de sa vie. Il termine avec Homère dont l’Ulysse, après sa longue quête, finit par retourner et retrouver le bonheur chez lui.Si l’auteur, candidat malheureux des Républicains aux élections européennes en 2019 et donc personnalité publique, est connu pour être catholique, il faut lui rendre cette justice que jamais, dans ce livre, cela ne se voit. Au contraire, certains de ses arguments pourraient se retourner contre un certain type de christianisme. Le progrès n’est-il pas précisément la conséquence du très chrétien « soumettre la terre » ? La vie éternelle promise au chrétien, n’est-ce pas pour « vaincre la mort » ? Pourquoi la mort, partie du réel, aurait-elle besoin d’être vaincue plutôt que d’être acceptée ? Et puis l’utopie chrétienne ne ressemble-t-elle pas à une fuite devant le réel, à une rêverie romantique ou platonicienne ? L’auteur évite de parler religion.La vraie faiblesse du livre, qui est par ailleurs intellectuellement captivant d’un bout à l’autre, c’est d’être un livre de philosophe et non pas de politique. Comment politiquement freiner cette roue du « progrès » qui, de toute évidence, tourne de plus en plus vite, une mise à jour chassant l’autre ? Aucune solution concrète n’est esquissée. Comment demeurer, c’est-à -dire « échapper à l’ère du mouvement perpétuel » ? Et surtout, comment le faire sans se ridiculiser ?Ce second livre de l’auteur n’a pas la même clarté que le premier (Les déshérités, 2014, Prix Fémina) n’a pas la même force de démonstration, est nettement moins percutant. Le lecteur finit par se demander si ce n’est pas tout simplement une version étoffée de l’explication de texte concernant le poème cité de Baudelaire. Certes la lecture n’est jamais ennuyeuse, mais elle laisse le lecteur sur la faim. Un troisième livre de cet auteur encore jeune s’impose : Demeurer, oui, mais comment ?
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